Saint Ouen Une Melancolie
Saint Ouen, Une Mélancolie
Carnet de bord photographique d’un audonien confiné
Les ballades avaient une autre allure. Comme l’impression d’avoir accès à un tout nouvel environnement. De redécouvrir ma ville dans laquelle je m’étais installé depuis déjà plus d’un an. Les rues audoniennes avaient des allures apocalyptiques, les cours d’immeubles à l’intérieur des cités étaient sans vie et l’industrie, Ô combien présente à Saint Ouen, fût laissée pour compte du jour au lendemain. Ce récit traite d’abord d’une ville qui m’a séduit par son dynamisme et qui est devenue du jour au lendemain endormie. Il raconte également comment nous avons dû se réapproprier notre «chez soi» et comment nous avons réinventé le divertissement au sein de ce cocon. Enfin il raconte à travers ces images, tous ces travailleurs qui ont posé le casque un 17 Mars à 12h pour laisser une ville en plein chantier de reconstruction.
Tout est arrivé rapidement, d’abord une envie de croîre que ça ne nous atteindra pas. Qu’on est plus forts que ça. Et puis la réalité reprend le dessus. La peur qui commence à monter. Tout est arrivé rapidement, tellement rapidement qu’on a pas eu le temps de ranger la voiture au garage, qu’on a pas rangé les canapés du dernier afterwork ou qu’on s’est vite debarassés du caddie une fois les provisions faites...
Suite à cette accélération du temps, Saint Ouen s’est décélerée voire s’est mise à tourner au ralenti. La lenteur a pris le dessus. Un nouveau mode de vie s’installa. D’abord ennuyeux puis finalement créatif. Comme quoi l’ennui ... On redécouvre notre environnement, notre voisinage, on profite des petites choses de la vie comme un bain de soleil au bord de son balcon. Et surtout on essaye de comprendre, de se comprendre.
L’animé devient désanimé. Oubliez les messes spirituelles, les claques visuelles et musicales de l’espace 1789 ou de Mains d’œuvres. Oubliez les nuits enivrées suite à la victoire du Red Star F.C ou les dimanches paresseux main dans la main à chiner les dernières trouvailles des Puces de Saint Ouen. Ça c’était le «monde d’avant».
Finalement le point positif dans tout ça, c’est qu’on a pu laisser quelques mois de repis aux vestiges de la ville voués à être détruits. C’est comme passer 100 fois devant quelque chose sans intérêt et qu’en un claquement de doigt, devienne quelque chose que vous vous appropriez. Quelques semaines après le déconfinement je suis retourné sur ce chantier d’hôtel. Il n’était malheureusement plus des nôtres. Comme une nostalgie d’un Saint Ouen que je ne connaissais à peine mais à laquelle je m’étais déjà attaché.